Les conditions étaient idéales pour ce grand événement d'ouverture du 31e Festival de jazz de Montréal: température parfaite, foule importante et disciplinée, musiciens qui allient virtuosité, fun noir et profonde musicalité. Ajoutez à cela l'acoustique quasi impeccable de la grande scène de la place des Festivals, les cinq écrans géants émaillés sur le site, la première webdiffusion en direct d'un show du festival (sur MontrealJazzFest.TV), et surtout un bon «pacing» (à peu près celui de l'an dernier en salle à la PDA, à l'exception de trois morceaux tirés du dernier disque de Setzer), bref, la foule était estomaquée par la maestria de Maître Brian et la puissance du Setzer Orchestra (18 musiciens, dont 13 cuivres). Ce n'était pas la liesse folle, mais plutôt l'ébahissement devant le brio de la chose, la découverte d'un être éminemment musical.
À la première instrumentale (This Cat's On A Hot Tin Roof), les gens écoutaient, attentifs. À Drive Like Lightning (Crash Like Thunder), les pieds se sont mis à bouger. Pendant Your True Love, la foule s'est mise à swinguer de la tête et du bassin. Les épaules ont suivi pendant The Dirty Boogie. Quand Sexy+17 a commencé (après quelques mesures de Caravan pour faire plaisir à André Ménard, directeur artistique du FIJM, dont c'est la chanson fétiche) et que des danseurs swing du festival québécois Red, Hot & Blue sont montés sur une mini-scène surélevée au milieu de la foule, la musique avait pris possession d'à peu près tout le monde (ça aurait été chouette, plusieurs petites scènes ou groupes de danseurs qui s'exécutent dans la foule)..
Un peu plus tard, quand Setzer a fait une version assez grandiose de Sleepwalk, et les gens étaient estomaqués, surtout que cela fut suivi de Summertime Blues en version trio rockabilly: c'est le blues (rythmé) de l'été.
La formule trio a d'ailleurs beaucoup plu (contrebasse, batterie et la guitare de Brian) et a d'ailleurs fait des merveilles, pendant quelques autres chansons. C'est fou, le plaisir que peuvent créer trois personnes et trois instruments joués avec panache: Gene & Eddie, c'était tellement fait pour plaire, ça «bebopait» un peu partout, ça tapait des mains, ça chantait. Quand le contrebassiste est monté SUR son instrument pendant que le batteur faisait des affaires pas catholiques avec ses peaux pendant Fishnet Stockings, ça a été le délire. Et tout le monde a reconnu le classique de Setzer du temps de son groupe The Stray Cats: Stray Cat Strut, mêlée de quelques mesures de Pink Panther. Et Rumble In Brighton est devenu Rumble In Montreal, au grand bonheur de la foule
Au moment d'écrire ces lignes, il restait encore quelques morceaux qui promettaient au programme: Jump, Jive an' Wail, Rock This Town, Brand New Cadillac (version extraordinaire, en passant)... Vendredi soir, Montréal a enfin eu droit au spectacle de Brian Setzer, 16 ans plus tard. Ce n'était pas trop tôt!
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