Le timing est trop beau pour qu'on ne le souligne pas. La semaine où Landry passe par le Saint-Denis récolter l'usufruit de sa victoire à Star Académie, un certain Lee DeWyze était couronné gagnant de la 9e édition d'American Idol, concours de télé-réalité qui, incidemment, montre des signes d'essoufflement à l'audimat.
Tout ça pour dire que Landry à lui seul est en train de faire mentir les observateurs qui jugent le concept usé, et le marché du disque saturé par ces nouvelles stars qu'on lance à la chaîne. Son album, Vox Pop, dont la liste des chansons ont été déterminées par vote du public sur son site web (et donc, les deux tiers du spectacle de vendredi, puisqu'il a joué tout son album), s'est vendu à plus de 160 000 exemplaires. Son public l'aime, et il le lui rend plutôt bien.
Entouré de six musiciens (parmi lesquels l'auteure, compositrice et interprète Amélie Veille, qu'on croyait disparue!), Maxime Landry a débuté son spectacle assis au piano, interprétant la ballade Cache-Cache que lui a écrite Lynda Lemay, l'une des rares chansons originales de ce gros juke box de spectacle où défilaient pêle-mêle Jacques Michel (par voie de medley Star Académie), Gainsbourg (Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, en duo avec un autre ex-Académicienne, Sophie Vaillancourt), Elton John (dans un medley des moins mémorables de ses succès), Jean Ferrat ou encore Claude Dubois. Côté jeu et orchestrations, que de la chanson pop prévisible, absolument aucune audace, mais l'exécution en soi est sans reproches.
Sur scène, Landry est en parfait contrôle. Le trac? Il ne semble pas connaître. Fascinant de voir comment le jeune homme, à 22 ans et finalement bien peu de métier, a déjà l'air d'un vieux pro. Affable, proche de ses fans, le rire contagieux. Pensons à une sorte de Patrick Bruel québécois (Landry fait d'ailleurs Casser la voix), sans l'air pompeux de celui qui a tout vu. La voix? Très juste dans le ton, au vibrato joli, jamais forcé. Le gars sait chanter, à n'en point douter.
Restent alors les pépins pour mettre un bémol à ce tour de chant «demandes spéciales» qui, à n'en point douter, a ravi ses fans. Plusieurs fautes de ton, des erreurs d'interprète débutant qui ne sait pas toujours mettre son talent au service des chansons qu'il doit défendre. Exemples? Une version absolument disgracieuse de Le Répondeur des Colocs, que le coup de main de Mike Sawatzky à la guitare électronique n'a su réchapper. Suintante, Là où je suis née (de Camille), chantée en première partie, paraissait bien peu incarnée par le chanteur.
En fait, hormis cette agréable version de Somebody Likes You, succès de Keith Urban, la première partie du concert s'est avérée la moins forte, car la seconde a donné de beaux moments. Sa version de Dis tout sans rien dire de Daniel Bélanger était touchante, lui assis au bout de la scène, simplement accompagné de choeurs et d'un discret synthétiseur. Le passage «feu de camp», acoustique avec l'orchestre regroupé, était aussi bienvenu.
Bien qu'on attendra que Landry défende un album de matériel original plutôt qu'un ensemble de chansons ultra-populaires pour dire juger de la pérennité de sa jeune carrière, il faut souligner que pour l'heure, son public s'est fait livrer ce qu'il a commandé. Maxime Landry a déjà deux douzaines de dates confirmées en province, dont quelques supplémentaires; il sera de retour au Théâtre Saint-Denis le samedi 20 novembre.
Philippe Renaud
La Presse
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